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Le blog de ggtopgun.over-blog.com

petite histoire

12 Août 2013 , Rédigé par ggtopgun.over-blog.com

Souvenirs d’un p’ti bateau Breton

De ma quille jusqu’au mât je suis fait de bois, mes couleurs sont vives pour paraître plus jeune, pourtant je suis dans l’eau depuis longtemps. Mes lames du pont me font mal, je grince sous les paquets de mer, qui inlassablement le recouvre et y dépose le sel, se retire, semblant me caresser pour se faire pardonner. Je tousse un peu, au fond de cale le moteur prend des tours, entrainant mon hélice toute de bronze vêtue. Le clapotis des vagues sur l’étrave se sépare et glisse sur mes flancs, me chatouille au départ pour finir par des coups plus rudes. Mon maître, marin, le visage buriné par les embruns pousse le nez au dehors pour voir comment je me porte, Nous filons ensemble fidéles à la mer. Le soleil tombe à l’horizon, nous nous arrêtons. Il est temps de mettre les rêts en place, oust ! par-dessus bord, bien arrimé aux bouées, les filets doucement descendent au fond pour capturer, en espérant des petits poissons ou quelques crabes mal rasés. Ma croupe, par le vent, vire légèrement à babord, en face je perçois au loin le faisceau du phare et me rassure un peu, il en faut du courage pour un petit bateau et je n’ai plus pied ! Les mouettes tournent au dessus de moi, c’est bon signe ! Le poisson sera là, enfin je crois, mais elles le savent, elles attendent le festin. Nous remontons notre prise, de mon cabestan motorisé, ploup ! ploup ! ploup ! j’aide mon ami, oh hisse matelot ! une gorgée de gaz oil me donnerai du courage ! Il sont là les bougres, le filet s’ouvre sur le pont, tout le monde saute dans tous les sens comme des enfants dans une cour de maternelle. Les oiseaux blancs et gris ont bien compris, c’est le moment de nos chipper quelques sardines, rusé les volatiles, detournent notre attention, posés sur le plabord comme des soldats de plomb immobiles, innocemment les autres marchent sur le pont comme sur la croisette, les belles en défilé de mode déploient leurs ailes, parradent pour nous charmer, d’un coup de bec assuré, leur proie prisonnière, s’envolent furtivement. Marin dépêche toi ! à genoux, trie ton poisson, classés par grosseur les caisses se remplissent. La lune déjà brille, les vaguelettes étincelantes me cernent comme des colliers de diamant. Je bombe les membrures, fier ! Mon moteur ronronne comme un poisson chat, nous rentrons, les feux du port scintillent, nous les depassons, le rouge puis le vert, le quai dressé comme une muraille noire nous fait front. Timidement mon moteur se tait, presque par respect pour cet imposante édifice. Je me glisse à coté de mon grand frère Lulu le chalutier et stoppons. Le patron, lui décharge la cale, de la grue descend une lourde chaine munie de crochet, empoigne les caisses qui semblent légères, pourtant bien pleines, direction la criée pour y garder précieusement notre butin. La nuit tombe sur le bassin, seules les lampes blafardes résistent au sommeil, balancées par le vent. Une petite houle me berce doucement, je m’endors, fourbu de cette sortie je rêve «  zzzzz » à mon grand père Léon le pêcheur d’espadon, disparu en mer, avalé par une vague, l’océan a faim  prenez garde ! à ma cousine Annie la péniche qui glisse sans peine le long de la Seine, elle fera de vieux os du coté de Conflans, à mon cousin Polo le cargo qui se gouinfre de marchandises à chaque traversée, c’est pour ça qu’il est gros et bien rigolo. Soudain un remous me tire de mes pensées, c’est Lulu qui prend le large, ne voulant me réveiller, doucement s’éloigne, le calme revient sur mon petit port Breton.

Gauvin gérard juillet 2013

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