AG Rochefort Mars 2013

 La brume se lève sur la Charente, les quais encore humides d’une nuit fraîche, des ombres au loin, débarquent de leurs vaisseaux bien alignés, les vergues dénudées de leurs voiles affalées sur le pont. Qui sont ces étranges pirates ? Les bras chargés de coffres gorgés peut-être de perles précieuses, bijoux et écus d’or accumulés lors des nombreuses traversées sur les mers et océans, en traquant les navires marchands dans des batailles sans pitié et abordages sanglants ? Ils se rendent tous au même endroit, se repentir ou s’enrôler pour de bons et loyaux services au coté du Roi ? Quelle filouterie ces marins préparent-ils ? Rien de tout cela ! Voilà de nouveau nos paisibles navibotellistes qui arrivent de toutes les contrées de France pour investir le Musée de la marine sans le dépouiller ! Après de chaleureuses retrouvailles, place au sérieux, narrant leurs derniers exploits et nouveautés durant l’année passée. A l’intérieur sur de grandes tables ornées de nappes sont exposés de magnifiques bateaux et autres dioramas toujours enfermés, c’est leur spécialité, médisant ceux qui disent que nous sommes de la bouteille ! Nous en gardons seulement le contenant ! Gérard arrive, nous l’accueillons avec un large sourire, toujours aussi vaillant notre Président ! Il nous souhaite la bienvenue, dans ce splendide endroit. Il a su, sans nous dévoiler, préserver la surprise de nous rencontrer à Rochefort pour notre assemblée générale. Le temps est venu de nous restaurer, boucaniers du grand large ! cap sur la taverne , usée par le sel et le vent venant du port proche et des ruelles étroites , une lourde porte nous fait front, les gonds grincent sous la poussée du plus courageux, les autres, derrière suivent timidement pour finalement s’engouffrer dans cette salle à demi éclairée par des bougies qui s’effondrent en forme de méduses aux tentacules de cire qui brillent sous leurs flammes chancelantes , la patronne aux formes généreuses trône derrière son bar, déjà tire du vin des barriques adossées au mur de pierre, dans des pichets de grés, les plateaux de chêne garnis de gobelets attendent d’être servis, les jambons sont dépendus de la poutre principal du plafond , la soupe épaisse dans le chaudron mijote au coin de la cheminée , tout est prêt pour festoyer , cette troupe de fêtards entonne des chants marins parfois paillards , se balancent de droite à gauche solidement accrochés bras dessus dessous. Non je m’égare ! Dans mes rêves salées l’endroit si prête pourtant, Le cap Neil est un charmant restaurant près de la Corderie Royale, le repas est d’une rare délicatesse il faut le préciser. De retour au Musée, nous sommes tous réunis, dans le hall une immense maquette de bateau et un cabestan de taille imposante, un bureau improvisé. Gérard Breillat commence, tous, buvant ses paroles, nous l’écoutons, certes  interrompu par des joyeux drilles, des plaisanteries fusent ça et là, le calme revenu pour élire de nouveau les membres. A sa demande pourtant, aucune main ne se lève pour prendre sa place, non par manque de courage, nos marins préfèrent par fidélité sans doute garder leur maître à bord, le voici encore à la tête du navire, l’équipage exulte. Récompenses et éloges pour les personnes méritantes, par la remise d’un diplôme « Le ruban bleu » briscards dans l’âme et leur disponibilité, Messieurs Chaud et Aussenard sont ovationnés par nous tous. Nos amis Allemands offrent un splendide coffret orné d’une rose des vents en marqueterie d’une finesse « Deutsche Qualität » ! Ce qui clôt la cérémonie. Nos œuvres sont disséminées au hasard, ça et là dans des vitrines que nous partageons, avec toutes sortes de machines complexes, époustouflantes d’ingéniosité, pour nous faciliter à Comprendre, des tableaux manuscrits sous verre nous expliquent la construction des frégates et voiliers de l’époque. Aux étages nous accédons par des escaliers de bois et rampes en fer forgé, pour y découvrir d’autres pièces d’expositions , par une fenêtre tout en haut nous pouvons contempler la poupe majestueuse de l’Hermione , frégate de lumière de couleur bleu, ocre jaune , coque noire , magnifique bâtiment en construction depuis des années, reconstituée inlassablement par les bénévoles de la fondation La Fayette . Une partie des mâts déjà en place, les haubans sont goudronnés à la main, quelques gouttes retombent malgré tout sur le pont, qui ont laissé des traces sur le pantalon de notre ami Turbé en guise de dédicace. La journée passe vite, déjà la nuit tombe, nous devons penser à nous séparer. Michel nous propose de se rendre dans une crêperie qu’il a dû négocier avec le patron , vu le nombre des convives envahissants tels des matelots en foire, dans son établissement , nous l’avons mis en confiance dés notre arrivée , par nos bonnes bouilles, les commandes sont prisent, pour patienter  Alain Tregou Maître incontestable, a le don de raconter à sa façon des histoires drôles, les larmes coulent de bonheur, il nous emmène dans le délire d’une famille de Germignac et sa soucoupe volante entre autres , sans oublier le cochon de gaza . Voilà le moment tant redouté, accolades, longues poignées de mains, en promettant de nous revoir l’année prochaine à Toulon pour renouveler tous ces bons moments. Merci à tous.

Rochefort le 23 mars 2013

Gérard Gauvin